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La stratégie d’expansion des groupes armés terroristes (GAT) au Golfe de Guinée

   Malgré l’élimination du chef de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) dans le nord du Mali en juin 2020, les attaques djihadistes ne faiblissent pas au Sahel. Le Burkina Faso et son voisin malien sont en proie à une flambée de violence comme en témoignent les nombreuses attaques relevées par nos analystes ces derniers mois. Au Burkina Faso, l’incursion de groupes armés terroristes dans la ville de Kompienga a fait huit morts, l’attaque du poste de police de Yendéré deux et un incident de mine à Zékéjé, dans la province de Boulgou, a blessé cinq personnes en mai dernier. Autour de la capitale malienne, les incidents sécuritaires se multiplient avec l’attaque du commissariat de Fana et l’attaque terroriste sur l’axe Bamako-Kita à Soribougou au début du mois de juin. Si le Liptako Gourma est longtemps demeuré l’épicentre des attaques djihadistes en Afrique de l’Ouest, il semblerait que leur stratégie d’expansion se tourne depuis plusieurs mois maintenant vers les pays du golfe de Guinée, nouvelles cibles du terrorisme djihadiste.

   Ce déplacement n’est pourtant pas nouveau puisque le think tank International Crisis Group en faisait déjà état dans ses rapports sur la situation sécuritaire au Burkina Faso en décembre 2019. Six mois plus tard, les attaques sanglantes qui ont frappé la Côte d’Ivoire le 12 juin 2020 n’ont fait que confirmer cette tendance. Aujourd’hui, tous les indicateurs sécuritaires confirment la propagation du terrorisme aux pays frontaliers du Burkina Faso et du Mali tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin ou encore le Togo. Contenus par les dispositifs sécuritaires mauritanien et algérien au Nord et à l’Ouest, l’EIGS et le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) profitent de la porosité des frontières des régions septentrionales des États côtiers pour étendre leurs trafics et leur quête territoriale. Ces États constituent un nouvel espace stratégique pour ces groupes terroristes qui y voient la possibilité de développer leurs trafics illégaux en s’appuyant sur leurs façades maritimes. Depuis avril, le Bénin est ainsi régulièrement victime d’attaques terroristes : 4 pêcheurs ont été tués près du fleuve Pendjari le 2 avril, sept hommes ont été égorgés par une cellule du JNIM à Kaobagou le 2 mai, un camion de transport de sable a heurté un engin explosif improvisé (EEI) à Loumbou Loumbou le 4 mai blessant le chauffeur. Depuis plusieurs mois, le nord du pays est ainsi la cible quasi quotidienne des GAT. Au Togo, six villageois de Waldjouague ont été tués par balles lors d’une attaque terroriste sur le marché le 20 avril dernier. Depuis, le JNIM poursuit ses exactions dans les villages du nord du Togo, pillant et incendiant les boutiques, volant les têtes de bétail et procédant à des enlèvements contre rançon.

   Ainsi, la porosité des frontières, les tensions intercommunautaires latentes dans ces espaces frontaliers, le manque de coordination des différentes forces de sécurité nationales et l’inefficacité des réponses sécuritaires d’ores-et-déjà apportées par les États côtiers créent un terreau favorable à l’installation et au développement des cellules djihadistes dans le golfe de Guinée. En outre, la méfiance grandissante des communautés transfrontalières à l’égard des instances gouvernementales risque d’élargir considérablement le bassin de recrutement des GAT et donc accroître leur force de frappe en Afrique de l’Ouest.

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