Date : 06 Dec 2024

Niger : la silencieuse conquête de la Russie

Conséquence directe d’une Russie de plus en plus impliquée en Afrique, le Niger semble à présent ciblé. Mais est-ce vraiment un acte d’altruisme ?

Au Niger, le général Evkourov Lunus-Bek, vice-président du ministère de la Défense de la fédération de Russie, s’est entretenu avec le gouvernement de transition nigérien début juin. Loin d’être son premier séjour à Niamey, la délégation est venue dans le cadre de la nouvelle dynamique de coopération entre les deux pays. Depuis plusieurs années, la Russie tente de s’implanter au Niger par le biais de partenariats. Afin d’y parvenir, le premier ministre Ali Mahamane Zeine et plusieurs membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) participent à des réunions. Ces sessions de haut niveau se déroulent en présence du gouvernement de transition ainsi que du ministre nigérien du pétrole et son homologue des mines et de l’énergie.

Des mines convoitées en sourdine

Une multiplication des visites et échanges entre les autorités des deux pays marquent déjà 2024. Les pourparlers actuels portent sur le renforcement de la coopération dans plusieurs domaines, notamment la défense, la lutte contre la cybercriminalité, les télécommunications, ainsi que dans les secteurs du pétrole, des mines et de l'énergie.

Alors que la Russie prétend agir dans l'intérêt général, elle conclut plusieurs accords de sécurité avec les pays voisins après le passage du groupe Wagner. Elle démontre une connaissance approfondie de la région conjuguée à une ferme volonté de protéger ses intérêts. Au Mali et au Burkina Faso, le groupe Wagner, opère désormais sous le nom d'Africa Corps. Elle obtient des concessions minières en récompense à son intervention dans la crise sécuritaire comme dans l’échange d'armes, de munitions et de mercenaires. Le Kremlin, lui, reconnaît ouvertement son implication dans Africa Corps.

En devenant un partenaire sécuritaire du Niger, tout laisse à penser que la Russie espère obtenir des droits sur l’exploitation des mines d’uranium. La société nucléaire d’état russe, Rosatom, communique avec les autorités militaires nigériennes pour négocier l’acquisition des actifs.

Dans un contexte de tensions et de précarité économique, le Kremlin enfile sa casquette de sauveur. Il offre ses services de société paramilitaire prétendant remédier à la détérioration sécuritaire, tout en l’entretenant secrètement. L'implication possible d’Africa Corps dans les affaires futures pourrait conduire à une aggravation de l'instabilité sécuritaire avec les pays frontaliers, tels que le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. C’est à se demander si les derniers évènements africains ne seraient en fait pas des pierres apportées par la Russie à son édifice.