Une organisation créée sur la base d’un sentiment anti-occidental
Boko Haram ou « L’éducation occidentale est péché » en langue haoussa est un mouvement islamique armé créé au Nigeria en 2002 qui prône un islam radical. Mohamed Yusuf, un prédicateur originaire du nord-est du Nigeria, en est le fondateur. Les objectifs sont l’instauration d’un État islamique, le combat contre la civilisation occidentale et ses valeurs démocratiques. Il recrute surtout parmi les étudiants en religion défavorisés et élargit par la suite sa base vers des gens plus éduqués.
Le groupe préconise l’instauration de la charia dans les États du nord du Nigeria et se rapproche des autorités politiques locales afin de peser sur la législation et les élections de 2003 dans l’État du Borno au Mali. Le groupe dont les effectifs oscillent entre 6000 et 30 000, -7000 à 13 000 étant l’estimation la plus réaliste- se radicalise progressivement et des affrontements éclatent alors dans plusieurs États entre ses membres et les forces de l’ordre de 2003 à 2009. Quelques 700 membres de Boko Haram, dont son fondateur Mohamed Yusuf, sont tués lors d’affrontements avec la police en 2009.
Sa mort et la répression qui l’accompagne radicalisent ses partisans qui l’érigent en martyr. Après quelques mois de tiraillements internes pour la succession, Abubakar Shekau, un de ses anciens compagnons, prend la direction du mouvement. Ses partisans se dispersent pour fuir la répression qui les frappe au Borno et dans les États voisins, certains se réfugiant au Niger et au Tchad.
En 2010, l’organisation passe dans la clandestinité et annonce son intention de mener une lutte armée encore plus violente.
En 2011, les attentats se multiplient, et Boko Haram commet pour la première fois un attentat-suicide contre le quartier général de la police à Abuja (capitale du Nigeria) le 16 juin.
Une activité diversifiée d’un mouvement qui gagne du terrain
En plus d’intervenir au Nigeria, Boko Haram multiplie les incursions au nord du Cameroun où il est accusé d’enrôler de jeunes recrues. On peut estimer qu’il déborde aussi vers le Tchad, le Niger.
Parmi les activités violentes marquantes, on peut retenir que le 4 novembre 2011, 150 personnes ont été tuées au cours d’une série d’attaques contre des postes de police et des églises à Damaturu (nord-est du Nigeria). De même, le 20 janvier 2012 , 185 personnes ont perdu la vie lors d’attaques contre les symboles du pouvoir à Kano, la grande ville du nord du Nigeria.
Le 19 avril 2013, 187 personnes ont été tuées dans l’attaque contre la localité de Baga (extrême nord-est), suivie d’une violente répression par l’armée. De même en septembre 2013, 142 personnes sont tuées à Benisheik, ville de l’Etat de Borno, où des insurgés, arrivent déguisés en soldats dans un convoi de camions.
Encore et surtout ce qui a fait connaître Boko Haram au grand public est le 14 avril 2014 l’enlèvement de 276 lycéennes dans leur établissement scolaire de Chibok, dans l’Etat de Borno. En mai 2014 au moins 300 morts ont été enregistrés dans une attaque à Gamboru Ngala, ville proche de la frontière camerounaise dans l’Etat de Borno.
La scission de Boko Haram a entraîné une redistribution des cartes
En mars 2015, Shekau a prêté allégeance à l’État islamique (EI), permettant officiellement à son mouvement de devenir une wilayat (province). L’ISWAP (Islamic State West Africa Province) reconnu par l’État islamique, est né en 2015 d’une scission avec Boko Haram, auquel il reproche notamment des meurtres de civils musulmans.
Née d’une critique interne de Boko Haram, la scission de 2015 donne naissance à deux groupes rivaux. Après deux ans de réorganisation et une activité moins soutenue, le JAS (jamaa ahl as-sunna) et l’ISWAP s’affrontent à nouveau à partir de juillet 2018.
Après sa mue, l’ISWAP est devenu le groupe jihadiste dominant dans le nord-est du Nigeria, multipliant les attaques d’ampleur contre l’armée nigériane.
Il a consolidé son contrôle de cette région depuis la mort, en mai 2021, du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans des affrontements entre les deux groupes rivaux ou par suicide. Depuis la mort de ce dernier, selon des sources sécuritaires, Abou Musab al-Barnawi, fils de Mohamed Yousouf a également renforcé le contrôle de l’ISWAP dans la région du lac Tchad. Depuis lors, al-Barnaoui aurait aussi été tué en 2021, mais sa mort n’a pas été confirmée.
Depuis la scission avec Boko Haram, l’ISWAP a connu environ cinq changements de direction, mais a maintenu la pression contre les forces de sécurité en commettant des attentats réguliers.
Les forces armées nigérianes n’ont pas réussi à venir à bout de ces combattants car Boko Haram développe des capacités à recruter en particulier dans les régions déshéritées et les armées régulières pâtissent d’un manque de matériel efficace.
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