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Le GATIA : Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés

GATIA

Présent depuis des millénaires dans le Sahara et le Sahel, les populations touareg ont toujours revendiqué une indépendance et une liberté de mouvement sur ces zones. Aujourd’hui, l’histoire a divisé cet espace en pays avec lesquelles les touareg vont souvent se retrouver en difficulté. Depuis, leurs revendications identitaires et territoriales s’expriment par des rébellions et des alliances de circonstance. Le 14 août 2014, après la défaite de l’armée malienne à Kidal, les combattants loyalistes de la tribu des Imghad (tribus touareg rivale des Ifoghas) annoncent la création du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia).

Naissance du GATIA

La naissance du GATIA provient directement de la défaite de l’armée malienne lors de la bataille de Kidal du 21 mai 2014 face aux forces rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l’Azawad
(MAA). Ils prennent en premier lieu le contrôle de Kidal puis la ville d’Anéfis, abandonnée par les autorités maliennes.

De mai à juillet 2014 des affrontements éclatent dans les environs de Tabankort et Anéfis, dans la région de Gao, entre les groupes rebelles composés du MNLA, du HCUA et de la branche autonomiste du MAA. Contre une alliance de loyalistes composée de groupes armés d’Arabes de la tribu des Lemhars, une milice de Touareg de la tribu des Imghad et des Songhaï du parti Coordination des Mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR).

Ces combats font plusieurs centaines de morts. Cette dernière série d’affrontements tribaux incite les combattants loyalistes de la tribu des Imghad à prendre l’initiative de la création du GATIA. Mais la Plateforme des cadres et leaders touaregs ne la reconnaît pas et condamne sa création. Elle la qualifie de milice ethnique.

OBJECTIFS du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés

Le GATIA est un mouvement loyaliste, opposé à l’indépendance ou à l’autonomie du nord du Mali. Il est allié à la branche loyaliste du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).

Le jour de l’officialisation de la création du mouvement, son secrétaire-général, Fahad Ag Almahmoud, déclare : « Nous venons de créer le GATIA pour défendre les intérêts de notre communauté dans le nord du Mali, notamment contre le MNLA. Nous voulons travailler avec le gouvernement malien pour amener la stabilité du pays. »

Ce message a été parfaitement entendu par le gouvernement malien puisque dès janvier 2015, la Minusma constate que plusieurs miliciens du groupe, blessés au cours des combats de Tabankort et soignés à Gao, étaient des militaires de l’armée régulière malienne.

Ils avaient suivi d’ailleurs une formation de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali à Koulikoro. Cependant, le gouvernement nie être l’origine de la création du Gatia.

ORGANISATION et membres

Mentionné dans l’intitulé du nom de cette organisation, il n’est donc pas étonnant de constater que les combattants du GATIA sont en grande majorité des Touareg issus de la tribu des Imghad. Il est notoire qu’ils ont soutenu le gouvernement malien dès le début de la guerre du Mali.

Selon Jeune Afrique : « En dépit des dénégations officielles, les liens entre les autorités et cette milice sont clairement établis ».

À sa création le groupe revendique 1 000 combattants. Il dispose d’une base entre Gao et Kidal. Le mouvement est surtout présent dans les environs de Bourem et dans les localités de Tarkint et Tabankort, près d’Anéfis. Il possède également un camp à Tin-Habou, près de Boni.

Alliée au GATIA, la branche loyaliste du Mouvement arabe de l’Azawad regroupe 500 combattants.

ACTIONS DU GATIA au SAHEL

De l’été 2014 à l’été 2015, le GATIA et les groupes de la Plateforme mènent de rudes combats contre les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad, principalement localisés à Ménaka, Tabankort et Anéfis. Il en résulte la conquête notamment de Ménaka et Anéfis par le GATIA. Mais sous la pression de la MINUSMA, le groupe se retire de cette dernière ville quelques jours plus tard

Après l’été 2015, une phase de « décrispation » est observée. Après trois semaines de discussions, la Plateforme et la CMA scellent la paix lors du « pacte d’honneur ».

Aujourd’hui, le GATIA s’est émancipé de la « tutelle » du gouvernement malien et s’est rapproché de ses anciens ennemis de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), même si des épisodes de tensions persistent ponctuellement à Kidal entre le GATIA et les ex-rebelles.

LE DECLIN DU GATIA

Les affrontements communautaires opposant en mai 2015 des Touaregs du GATIA à des Peuls de Ganda Izo marquent le déclin du GATIA bien qu’il soit membre de la Plateforme.

A Kidal, la situation se dégrade entre les Touaregs imghad du GATIA et les Ifoghas du HCUA en lutte d’influence pour la gestion administrative et sécuritaire de la ville. Les combats ne tournent pas à l’avantage du GATIA qui est finalement chassé de la ville. Comme pour sauver la face de ce cuisant échec, des affrontements se poursuivent dans les environs de Kidal contre les hommes de la CMA.

Le 1er juin 2017, après une attaque contre un poste militaire à Abala, au Niger, les djihadistes de l’État islamique se replient au Mali. Ils sont alors attaqués par l’armée malienne, l’armée française et les miliciens touareg du GATIA et du MSA. En réponse, le chef de l’EI au Sahel, accuse, dans un communiqué de presse, les Touaregs imghad et daoussahak de trahison et de complicité avec la France et le Niger. Il menace particulièrement les chefs du MSA et du GATIA.

Mais cette union factuelle et de circonstance face à un ennemi commun n’évitera pas les combats dans la région de Kidal. En juillet 2017, les affrontements reprennent et tournent à l’avantage de la CMA et le GATIA est chassé d’Anéfis. Il est également battu à la bataille de Takellote au sud de Kidal où il perd une de ses plus importantes positions. Il est ensuite chassé d’Inafarak, près d’In Khalil pour finalement abandonner la ville de Ménaka.

EXACTIONS DU GATIA

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, des hommes du GATIA ont exécuté six personnes à Tin-Hama lors de combats livrés contre le MNLA.

Certains membres du GATIA font également l’objet d’accusations de liens avec le trafic de drogue.

Pour avoir recruté des enfants soldats, le GATIA et les autres groupes de la Plateforme sont inscrits sur la liste noire de l’ONU des entités violant dans les guerres les droits des enfants.

Des experts indépendants de l’ONU accusent également Baye Coulibaly, gérant d’une entreprise de transports et membre du GATIA, d’être un des plus importants trafiquant de migrants dans la région de Gao. Selon le rapport, il aurait également fait enrôler au sein du GATIA certains des migrants rejetés par l’Algérie. Un autre membre du GATIA est, quant à lui, accusé d’avoir escorté de nombreux convois de drogue en 2017 et 2018.

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