Terrorisme au Niger : les actions du Niger contre les terroristes.

Les localités d’Intezayane, Bakorat, Woursanat et plusieurs autres hameaux et campements situés dans la zone de Tillia, région de Tahoua au Niger, ont fait l’objet d’une attaque perpétrée par des terroristes provoquant la mort de 137 personnes.  En prenant systématiquement les populations civiles pour cibles, le terrorisme franchit une étape de plus dans l’horreur et la barbarie.

Géographiquement, le Niger se situe au centre du périmètre où sévit le terrorisme, à la frontière des deux grands foyers que sont le nord du Mali et le bassin du lac Tchad. Dans sa partie sud-est, proche du Nigeria, sévissent Boko Haram et l’ISWAP , sa branche dissidente. A l’ouest, proche du Mali, le Niger est la cible de groupes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda.

soldats nigeriens

Le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum, élu le 21 février 2021, en charge de la transition démocratique, est donc confronté à un grand défi à un moment charnière de l’histoire de son pays.

L’éducation, la pauvreté et l’économie devront, malgré lui, être reléguées au second plan car il s’est engagé en priorité à lutter contre l’insécurité.

Les réponses armées sur le terrain

Quelque 12 000 soldats nigériens combattent en permanence dans une dizaine d’opérations antidjihadistes dans le Sud-Ouest, proche du Burkina Faso.

Concrètement, l’armée nigérienne a déployé des renforts dans la région de Tillabéri. Mais ne pouvant pas mettre un militaire dans chaque village, le premier des grands défis des forces armées  est de trouver des solutions originales.

Privilégier les patrouilles mobiles de ses militaires dans les zones incriminées, alors que beaucoup de soldats au Mali et au Burkina Faso sortent difficilement de leurs bases, est un début de réponse prometteuse.

Les Forces de Défense et de Sécurité continuent de mener des opérations sur toute l’étendue du territoire nigérien afin de mettre hors d’état de nuire terroristes et bandits armés. Leur montée en puissance leur a permis de mettre un terme aux attaques terroristes de grande envergure dont les actions se réduisent à présent à des actes de sabotages des infrastructures publiques et privés, (voir notre articles : Terrorisme au Niger).

Dans le nord du pays, précisément dans la région d’Agadez, dans le cadre de la lutte contre la criminalité transnationale et le terrorisme, l’ensemble des missions de recherches et de neutralisations des bandes armés sont menées par les éléments de la Zone de Défense nº 8 de Dirkou. Elles ont permis d’intercepter 21 orpailleurs clandestins, de saisir des véhicules, des AK-47 de fabrication russe avec leurs accessoires et une quantité importante de munitions.

A l’ouest, dans la région de  Tillabéry, 17 terroristes ont été neutralisés, 46 motos, un véhicule et 2 plots logistiques ont été détruits par les soldats engagés dans l’opération Niya.

L’armée a procédé également  au recrutement spécial de jeunes de toutes les communautés sur la base de leur parfaite connaissance du terrain et de leur ferme volonté et engagement à servir la patrie. Elle tente par-là de détourner l’embrigadement des jeunes par les groupes djihadistes depuis plusieurs années dans le Sahel.

Le soutien des forces armées étrangères

Comme ses voisins le Mali et le Burkina Faso, le Niger est également très touché par les exactions des groupes djihadistes.

L’appui de leurs alliés européens, américains et de l’union africaine contre les djihadistes est nécessaire pour le président nigérien.

L’union européenne dans sa lutte pour la sécurité et la stabilité renforce son action au Niger. La force conjointe du G5 Sahel, depuis 2020, complète la contribution étrangère en faveur de la lutte contre le terrorisme. Dans son sein, un contingent de 1 200 soldats de l’armée tchadienne, réputée la plus aguerrie de la région, a été déployé dans la zone des trois frontières.

Les réponses non armées ou l’option originale du président

Le président Bazoum vise à faire retourner tous les déplacés pour cause d’insécurité dans leurs villages d’origine tout en leur garantissant la sécurité. Une véritable volonté politique de sa part qui connaît des succès probants. Les gouverneurs des différentes régions contribuent à cela en instaurant un climat de confiance entre les différentes communautés et les différentes composantes de la population.

La stratégie du dialogue avec les jihadistes

Depuis l’annonce mi-février 2022 par la France du retrait du Mali des forces Barkhane et européenne Takuba, Niamey redoute une nouvelle poussée djihadiste dans l’immense région dite des trois frontières.

Plus d’un an après son accession au pouvoir et alors que son pays est appelé à jouer un rôle central dans la lutte contre le terrorisme dans la région, le président Bazoum a annoncé la libération de plusieurs « terroristes » détenus au Niger, dont, pour la première fois dans ce pays, des membres de Boko Haram, dans le cadre « de la recherche de la paix »

Fervent défenseur de cette ligne, il a également amorcé des discussions avec des éléments de l’Etat Islamique au Grand Sahara responsable d’attaques meurtrières récurrentes dans l’ouest du pays. C’est une nouvelle approche, celle de la politique de la “main tendue” qui s’adresse aux jeunes nigériens enrôlés dans les rangs des groupes terroristes. Ils sont, en particulier, des fils de pasteurs appauvris par les sécheresses récurrentes, l’expansion des terres agricoles et les razzias de bétail opérées par les groupes armés.

En guise de bonne volonté, le chef de l’Etat a libéré sept terroristes et il les a reçus au palais présidentiel. Il a également envoyé des émissaires auprès de neuf chefs terroristes connus. Ce sont des élus locaux, d’influents chefs traditionnels et religieux et des proches des djihadistes. En adoptant cette démarche le président Bazoum a voulu s’attaquer aux causes structurelles de la crise et établir un véritable dialogue avec les communautés.

Ces médiateurs crédibles sont en mesure, s’ils le souhaitent, de recréer la confiance. Notons que de nombreux combattants djihadistes nigériens sont d’anciens membres d’une milice peule d’autodéfense dissoute en octobre 2011 par les autorités. Une fois désarmés, ces miliciens avaient été délaissés par l’État puis récupérés par les groupes armés terroristes.

Et ce n’est pas la première fois que le Niger expérimente des solutions locales face aux groupes armés. Dès 2016-2017, les autorités ont décidé de tendre la main aux anciens combattants repentis de Boko Haram . Cette option avait débouché sur la reddition de dizaines de combattants actifs dans le sud-est nigérien. En avril 2021, plus de 240 ex-éléments de ce groupe terroriste, dont des femmes et des enfants, avaient suivi un programme de déradicalisation et de formation professionnelle dans un Centre des repentis à Goudoumaria après s’être rendus aux autorités.

Cependant, la question du dialogue n’est pas propre au Niger, elle se pose également au Mali voisin. En 2020, l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta avait demandé l’envoi d’émissaires vers deux chefs djihadistes. Mais il n’est pas question toutefois de laisser tomber définitivement la réponse militaire face aux djihadistes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *